14 mars 2007

26. Shindo : Onibaba

1001 films de Schneider : Onibaba
La Femme diabolique



Film japonais réalisé en 1964 par Kaneto Shindo
Avec Nobuko Otowa, Jitsuko Yoshimura et Kei Sato.

Onibaba signifie femme-démon. L'affiche du film présente un terrifiant masque "Hannya". Sont-ce les raisons pour lesquelles on a classé ce film dans la catégorie des films d'horreur ? Est-ce que ce sont ces éléments qui ont orienté nombre de critiques sur le thème du film d'horreur ?

Ce thème, pourtant, est peu important dans le film, occupant à peine une partie du troisième tiers du film. Dans une entrevue de 30 minutes donnée par Kaneto Shindo à Criterion en 2003, il ne fait jamais mention de ce thème. On peut voir un exemple de l'écart énorme et incompréhensible entre le film vu par les critiques et le film que Shindo a produit, dans la critique de Onibaba dans le livre 1001 films à voir et à revoir. Il est difficile de croire que James Kendrick ait déjà vu ce film tant son compte-rendu est à des années-lumière de ce que Shindo dit de son film.

Il n'y a rien d'horrifique dans ce film si on accepte l'idée que l'être humain est prêt à tout pour satisfaire ses besoins primaires : se nourrir et satisfaire ses pulsions sexuelles.

Faim :
Dans leur monde détruit par la guerre, deux femmes, une jeune et une moins jeune, tuent, sans vergogne, pour se nourrir. La faim entraîne ces femmes au-delà de toute compassion. Tuer pour ne pas mourir de faim.

Sexe :
Les trois personnages (les deux femmes et un homme, revenu de la guerre), par-delà la faim, cherchent à satisfaire leurs pulsions sexuelles. Une lutte s'établit entre la jeune femme et la femme mûre dans cette quête. Cette dernière revêt le masque Hannya et devient la femme-démon qui essaie d'empêcher par tous les moyens la jeune femme de rejoindre le lit de l'homme. Où il est prouvé que l'amour physique est plus fort que les démons.

Il est difficile de croire que cette histoire à haute tension érotique puisse être étiquetée film d'horreur. Vous pouvez me croire que les images qui m'ont habité durant les jours suivant le visionnement de ce film au ciné-club de fin de soirée de Radio-Canada n'avaient rien d'horrifiques.

Kaneto Shindo, ce monument du cinéma japonais avec ses 250 scénarios écrits entre 1941 et 2003, en plus de ses 43 films, s'attarde, dans son entrevue avec Criterion, a décrire le paysage sexuel de son film. À 92 ans, il savoure encore certains passages particulièrement érotiques de son film. Entre autre, celui où l'on voit les deux femmes endormies, seins nus. Il dit qu'il a voulu montrer l'écart d'âge entre les deux femmes en soulignant la différence de la forme de leurs seins. Alors, faites-vous peur. Visionnez ce film.

Par ailleurs, comment a-t-on pu oublier de mettre dans la liste des 1001 films, L'Île nue, de Kaneto Shindo ?

Critique : Cahiers du Cinéma. Juillet 1965. Numéro 168. Par Jean-André Fieschi.
Les 300 premiers numéros des Cahiers du Cinéma sur Archive.org

Visionné, la première fois, en 1967 à la télévision, au ciné-club de Radio-Canada à Québec
Mon 26ème film visionné des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 12 janvier 2023