05 mars 2007

24. Robbins et Wise : West Side Story

1001 films de Schneider : West Side Story



Film américain réalisé en 1961 par Jerome Robbins et Robert Wise
Avec Natalie Wood, Richard Beymer, Russ Tamblyn, Rita Moreno et George Chakiris

Je ne crois pas qu'il y ait un film qui ait eu plus de résonance émotive pour moi que West Side Story.

Juin 1964. Mon père est décédé, il y a quelques jours. Il avait 46 ans. J'en ai 17. Lors de ces retrouvailles convenues lors d'un décès, un cousin me parle d'une comédie musicale qu'il a vue à Broadway quelque temps auparavant. C'est dans ce contexte hautement émotionnel que j'ai mon premier contact avec West Side Story par l'entremise du disque que mon cousin me donne à cette occasion. 

Pendant trois ans, je ne connais ce film que par la musique de Leonard Bernstein sur les paroles de Stephen Sondheim. Des chansons éternelles, pour moi : "Maria", "I Like to Be in America", "Tonight" et celle qui fait mal à l'âme à l'instar de l'adagio du concerto pour clarinette K. 622 de Mozart (que j'écoute en ce moment), "There's a Place for Us".

Ce n'est qu'en 1967 que j'ai pu, enfin, voir ce film au cinéma. Ce fut un vrai choc : l'impression que ce film m'habitait depuis toujours. J'avais de la difficulté à retenir mes larmes lors de certaines scènes. Même aujourd'hui, lorsque je revois le film, je reste pantois devant cette envie de pleurer qui est complètement déplacée. Comment cette mièvrerie sentimentale de la finale du film peut m'ébranler à ce point. Je n'ai qu'une réponse : back to 1964.

Quel coup de génie que d'avoir transposé Roméo et Juliette sur la 62ère rue ouest à Manhattan, site du futur Lincoln Center. Les Jets, descendants d'immigrants polonais, et les Sharks portoricains y rejouent une des plus célèbres histoires d'amour de l'Occident.

Ce film a suscité beaucoup de controverses parmi la communauté des critiques de cinéma américains. Certains le montèrent aux nues, d'autres le descendirent en flammes. L'évaluation mitigée des visiteurs de IMDB illustre bien cette ambivalence. Évaluation IMDB : 7,6 sur 10. Pourtant, ce film est classé au 41ème rang des 100 meilleurs films américains de l'American Film Institute.

Les principales critiques : Richard Beymer (Tony) manque de présence à l'écran. Natalie Wood (Maria) fait une portoricaine peu crédible, ce qui ne m'avait pas vraiment frappé. On a chambardé la fin de Roméo et Juliette : Maria aurait dû mourir, donc se suicider mais on ne se suicidait pas encore dans le cinéma américain de cette époque.

Des vétilles, tout ça. Pour moi, rien n'y fait : West Side Story est la plus grande comédie musicale filmée de toute l'histoire du cinéma. Un point, c'est tout.

Depuis mars 2009, une nouvelle production de West Side Story à Broadway.
Vue la passion - irrationnelle, je sais - que je voue à ce film depuis toujours, il n'était pas question que je rate un tel rendez-vous. Alors, le 18 juin, je suis entré avec Lucie et Sandrine, notre fille de 18 ans, au Palace Theater comme on entre à l'église lors de sa première communion : bouleversé.

















Critique : Cahiers du Cinéma. Juin 1962. Numéro 132. Les Fins et le moyen par François Weyergans.
Les 300 premiers numéros des Cahiers du Cinéma sur Archive.org

Oscars 1962.
Dix statuettes : film, acteur de soutien à George Chakiris, actrice de soutien à Rita Moreno, réalisation, caméra, décor, costume, son, montage, musique.

Visionné, la première fois, en 1967 au cinéma à Québec
Mon 24ème film visionné des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 31 janvier 2023