02 avril 2007

30. Huston : The Treasure of the Sierra Madre

1001 films de Schneider : The Treasure of the Sierra Madre
 Le Trésor de la Sierra Madre




Film américain réalisé en 1948 par John Huston 
Avec Humphrey Bogart, Walter Huston et Tim Holt.

To be doomed.
Dès les premières images du film, l'on sent la malédiction qui s'est déjà abattue sur le personnage interprété par Bogart. Quoi qu'il fasse, il est destiné à l'échec. Avec sa gueule de pauvre gringo misérable, il entreprend un parcours qui l'entraînera vers les bas-fonds de la psychose paranoïaque, porte ouverte sur sa fin tragique.

Probablement, la plus grande performance de Humphrey Bogart au cinéma mais, malheureusement, ombragée par le jeu extraordinaire de Walter Huston, gagnant de l'Oscar du meilleur acteur de soutien

Cette histoire de chercheurs d'or prend une dimension inattendue du fait qu'elle a été tournée en extérieurs, fait plutôt rare à cette époque où les producteurs d'Hollywood aimaient bien contrôler l'environnement du film. Faire la pluie et le beau temps n'était pas une figure de style.

On sent bien que les acteurs ne retournent pas dans leur caravane climatisée entre chaque scène et qu'il sont à des centaines de kilomètres de tout confort, ce qui ajoute à la crédibilité de leur jeu.

Le film a été tourné au Mexique. Au début, les scènes sont tournées à Tampico.

Fondu sur mon passé : juillet 1970, entassés à 4 dans une Datsun 510 (ancêtre de Nissan) nous avons parcouru la distance Québec-Tampico en 5 jours. Cinq jours de canicule insupportable, à dormir dans des motels pourris de l'Oklahoma ou du Texas. En arrivant à Tampico, nous avions trouvé une petite cabine romantique sur la plage où nous prévoyions passer la semaine. C'était sans compter sur la pollution indescriptible des eaux de cette ville, empuantie par ses raffineries de pétrole dont les résidus inondaient les eaux et la plage.

Fin de nos utopies paradisiaques mexicaines. Retour au film.

Toute la partie du film qui concerne l'extraction de l'or a été tournée dans les paysages semi-désertiques de l'état du Michoacan autour de deux villages : San Jose Purua et Jungapeo.

Encore une fois, retour au passé. Deux ans plus tard, 1972. Je suis le coordonnateur d'un programme d'échange avec le Mexique, Jeunesse Canada Monde. Une partie de mon travail consiste à rencontrer régulièrement des membres de cet échange, des jeunes Canadiens de 16 à 19 ans, dispersés dans 3 villages mexicains : Cuanajo au Michoacan, Zoyamazalco dans la région de Puebla et Saladero dans la région de Tampico. Pendant 6 mois, je parcours dans mon jeep VW des milliers de kilomètres à travers les paysages entrevus dans le film Le trésor de la Sierra Madre. Poussière, chaleur, mirages, sécheresse font partie de mon quotidien habité seulement par les chansons de Bob Dylan que je découvre et dont j'allais devenir accroc pour le restant de ma vie. Bob Dylan, nobélisable... nobélisé en 2016.

Les Mexicains dans le film? Le record de tous les temps en matière de stéréotypage . Ou bien ils sont des criminels sanguinaires, sans aucune morale, qui se baladent avec leurs balles de fusil en bandoulière ou bien ils sont de pauvres Indiens, imbéciles heureux, d'une naïveté bêtifiante.

Si vous voulez revoir votre cours de réanimation cardio-respiratoire, regardez la scène de réanimation pratiquée par Walter Huston sur un jeune Indien. On comprend pourquoi les Indiens ont dit que la réanimation de l'enfant était un miracle.

Oscars 1948. Trois statuettes : acteur de soutien à Walter Huston, réalisation, scénario
Venise 1948. Prix pour la meilleure musique

Visionné, la première fois, en 1968 à la télévision à Québec
Mon 30ème film visionné des 1001 films du livre de Schneider
Mis à jour le 13 janvier 2023